David Tennant "Hamlet" (2008) avec le crâne de André

David Tennant “Hamlet” (2008)

Quand une pièce de théâtre est bien ficelée et que chaque personnage a sa place dans le scénario, on apprécie. Pourquoi ne ferait-on pas pareil pour la musique ?

J’imagine les choses comme ça : le compositeur, c’est le scénariste ; le metteur en scène, c’est l’ingénieur du son ; l’acteur, le musicien ; et la mélodie, le personnage. Je me suis intéressé à la mélodie et la place qu’elle tient dans l’œuvre. Ce sujet est le premier d’une suite d’articles sur les points-clé de la création d’une mélodie.

J’ai ainsi trouvé 3 situations dans lesquelles on peut se trouver quand on invente une mélodie :

  1. Soit vous avez déjà un cadre autour. C’est-à-dire une grille d’accords, un accompagnement, une autre mélodie ou autre chose de conséquent. Il vous suffit donc d’intégrer votre mélodie dans le concept de départ, en équilibre avec le cadre harmonique et rythmique ; comme un personnage supplémentaire qui s’intègre dans un script déjà pensé. Dans ce cas, posez-vous cette simple question : qu’apporte réellement votre mélodie à l’ensemble ?
  2. Soit vous avez juste l’intention. C’est-à-dire un concept, une émotion, une sensation que vous voulez partager, ou même une idée de technique musicale à inventer. Et, à ce moment là, c’est déjà plus flexible. Vous pourrez construire votre mélodie et votre œuvre avec les seules limites de votre imagination. 
  3. Soit vous n’avez rien ! Et vous voulez commencer par la mélodie. Ça se peut aussi. Ça m’est déjà arrivé et c’est très intéressant pour des exercices ou des démonstrations techniques. Mais, par expérience, ça rend ensuite difficile l’écriture de propos plus habiles. C’est un peu comme faire une peinture et lui trouver un sens après. Ça colle jamais à 100% ! Je vous conseille dans ce cas de chercher avant tout le sens global de votre future œuvre. Il est aussi important que le serait celui d’un film ou d’un poème. Sans ce sens, ce concept, on se retrouve avec au mieux l’équivalent d’un blockbuster pour le cinéma : bien fichu, technique, beau mais essentiellement creux… (Qui se souviendra de Iron Man 3, dans à peine 100 ans ?) Je vous conseille donc de commencer par définir cette intention qui sera l’impulsion créative, la véritable étincelle de votre musique.

Considérons donc que vous avez déjà une intention de départ pour votre morceau. La première des étapes pour inventer une mélodie est de définir son utilité, son rôle au sein de l’œuvre. C’est sans doute l’étape la plus importante puisque c’est elle qui vous inspirera dans les grandes lignes pour trouver la forme de votre mélodie !

Sans chercher à être exhaustif, voyons tout de suite ce que je cache dernière le terme de rôle d’une mélodie. On y trouve :

  • les thèmes ;
  • les envolées lyriques et improvisations ;
  • les ostinatos et autres leitmotivs ;
  • les marques sonores : jingles, earcons (icônes sonores), logos sonores ;
  • les beacons (les alertes, caractérisées par des motifs de moins de 5 notes selon John Williams) ;
  • les mélodies à vocation contrapuntique : contre-chants, canons, sujets de fugue, … ;
  • and so on !

Soyez cohérent entre l’intention de votre œuvre, le rôle et la forme de votre mélodie. Cela vous permet de taper tout de suite dans le mille et d’être rapidement compris. Et puisque qu’on retient mieux ce qu’on comprend, vous avez là un atout indéniable !

Une mélodie qui n’a pas vraiment de sens n’est pas très loin de l’ornement ou bien elle tend vers la démonstration technique. Tirée à son paroxysme ce peut être une excellente contremélodie ! J-S Bach nous fait merveilleusement la preuve que ça peut marcher. Mais donner un rôle à une mélodie la rend mémorable. Bref, définissez l’essence du rôle que joue votre petit bout de notes avant de l’écrire, vous vous concentrerez ainsi sur le principal (le concept et la manière dont il est abordé) et éviterez les digressions bavardes.

« Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les meilleures ?  »
Miles Davis